Une voix pour les vétérans
Le caporal-chef (retraité) Mike, un ancien combattant amputé, en compagnie de sa femme Leah, a déposé une couronne lors de la Cérémonie nationale du jour du Souvenir 2022.
L’Association des Amputés de guerre demeure le chef de file quant à la défense des droits des anciens combattants et des mesures législatives qui les concernent. Elle est également le fer de lance du Conseil national des associations d’anciens combattants au Canada (CNAAC). Forte de plus de 100 ans d’expérience dans ce domaine, l’association continue de siéger à quatre des six groupes consultatifs d’Anciens Combattants Canada (ACC) et copréside deux de ceux-ci.
En 2022, nous avons poursuivi notre longue croisade contre les temps d’attente excessifs auxquels les vétérans sont confrontés lorsqu’ils font des demandes de prestations d’invalidité et de prestations pour soins de santé. Nous avons également maintenu nos efforts pour défendre plusieurs des causes qui nous tiennent à coeur depuis longtemps, dont l’approche « un vétéran, une norme » en ce qui concerne les pensions, la question des allocations pour la famille et les personnes proches aidantes, ainsi que celle de l’élimination de la clause du mariage après 60 ans.
Financement de recherches innovantes relatives à la santé des vétérans
En novembre, nous avons eu le plaisir d’annoncer notre collaboration avec l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans (ICRSMV) pour financer des recherches plus que nécessaires au sujet des besoins médicaux des vétérans gravement handicapés. L’Association des Amputés de guerre a octroyé un montant de 500 000 $ à cette initiative.
En offrant cette subvention, nous visons à remédier au manque évident de financement pour la recherche relative aux enjeux auxquels les anciens combattants amputés et gravement handicapés font face, dans le but de nous assurer qu’ils puissent recevoir les meilleurs soins et consulter les professionnels les plus qualifiés possible.
Nous avons collaboré avec l’ICRSMV et son réseau de chercheurs et chercheuses de renommée internationale afin de faire de ces objectifs une réalité. Ces importants projets de recherche relatifs aux soins de santé couvriront des sujets tels que les avancées de pointe dans les technologies prothétiques et les possibilités d’amélioration de la mobilité pour les militaires amputés d’un membre inférieur grâce à des interventions chirurgicales innovantes comme l’osséointégration.
Nous avons très hâte de connaître les résultats de ces importants projets de recherche dans un futur rapproché, et d’observer les effets positifs qui en découleront sur la vie des anciens combattants canadiens gravement handicapés.
Réponse à la crise des temps d’attente d’ACC
Le major Blaise, qui a été amputé lors de son service en Afghanistan.
Il ne fait aucun doute qu’à l’heure actuelle, la principale préoccupation des anciens combattants est la crise liée à l’arriéré accumulé et aux délais de traitement inacceptables des demandes de prestations d’invalidité ou de soins de santé, qui peuvent prendre jusqu’à un an avant d’être traitées. Tout au long de la pandémie, qui a exacerbé les temps d’attente, nous avons lutté pour un changement systémique afin de résoudre ce problème. Nous avons fait parvenir de nombreuses demandes au ministre des Anciens Combattants et aux hauts fonctionnaires d’ACC, et avons également contacté les médias afin de mettre en lumière la crise avec laquelle les anciens combattants handicapés sont aux prises partout au pays.
Le major Blaise, qui a été amputé lors de son service en Afghanistan.
Notre position quant à cette crise administrative demeure la même : le Ministère doit approuver automatiquement les demandes de prestations d’invalidité des vétérans en s’appuyant sur les preuves raisonnables fournies par les vétérans et leur famille, en sachant que des vérifications ponctuelles pourraient être effectuées pour remédier à tout abus éventuel. ACC se doit d’admettre que les documents médicaux normalement exigés par ACC pour approuver ces demandes sont présentement difficiles à obtenir.
Bien que le Comité permanent des anciens combattants ait publié un rapport en 2020 dans lequel il acceptait la majorité des recommandations de l’Association des Amputés de guerre et du CNAAC pour atténuer la crise, il est évident que des progrès significatifs n’ont pas été accomplis et que les mesures adoptées par ACC, soit d’engager davantage de personnel et d’offrir des ressources en ligne, ne suffisent pas.
Nous ne sommes pas seuls à penser ainsi; notre opinion est reflétée non seulement dans le rapport de la vérificatrice générale publié en mai 2022, mais également dans le rapport du directeur parlementaire du budget paru en septembre 2020.
La vérificatrice générale, Karen Hogan, a déposé un rapport au Parlement le 31 mai 2022, concluant que les anciens combattants handicapés du Canada continuent d’être confrontés à des délais d’attente intolérables et à un arriéré inacceptable dans l’obtention de l’aide financière et des indemnisations d’ACC auxquelles ils ont droit.
Mme Hogan a déclaré lors d’une conférence de presse qu’elle n’était pas impressionnée par les efforts déployés par le Ministère au cours des dernières années et a demandé qu’un plan réaliste soit établi en priorité afin que les vétérans handicapés ne soient plus obligés d’attendre des mois, voire des années, avant d’obtenir le soutien financier et les indemnisations dont ils ont besoin.
Nous prions ACC de reconnaître pleinement les conclusions et les critiques énoncées dans le rapport de la vérificatrice générale et de mettre en oeuvre en toute priorité les modifications législatives, réglementaires et relatives aux politiques proposées dans le rapport afin d’offrir une résolution rapide de la situation pour les anciens combattants et leur famille, qui sont souvent confrontés à une grande précarité financière.
Une avancée dans le soutien en matière de santé mentale des vétérans
Depuis le 1er avril 2022, les anciens combattants qui ont besoin de soutien en matière de santé mentale alors qu’ils attendent que leur demande de prestation d’invalidité soit évaluée peuvent accéder à ces soins sans attendre. Bien que cette modification au Règlement sur les soins de santé pour les anciens combattants ne reflète pas entièrement notre position relative à l’approbation automatique, elle représente un important progrès qui démontre une meilleure reconnaissance de l’urgence avec laquelle les demandes de prestation d’invalidité et de soins de santé mentale devraient être traitées et approuvées.
Nous continuerons de défendre cette position et jugeons que ce progrès pourra servir de tremplin pour élargir la portée de ce principe afin que les anciens combattants ayant des handicaps graves, quels qu’ils soient, n’aient plus besoin d’attendre pour recevoir des prestations relatives aux soins de santé.
L’approche « Un vétéran, une norme » pour les pensions de service militaire
L’Association des Amputés de guerre et le CNAAC poursuivent leurs efforts pour que des améliorations aux mesures législatives relatives aux anciens combattants soient apportées, et particulièrement aux dispositions de la Pension à vie initialement annoncée en décembre 2017 et adoptée officiellement le 1er avril 2019. Il est évident que les nouvelles indemnités prévues par la législation relative à la Pension à vie ont une applicabilité très limitée pour la majorité des anciens combattants gravement handicapés; certains s’en retrouvent même plus désavantagés qu’avant.
Comme nous l’avons mentionné dans nos nombreuses communications adressées à ACC et au Parlement, le gouvernement n’a pas répondu aux attentes des anciens combattants en ce qui a trait à cet engagement qui consiste à « rétablir la pension à vie », et ce, en vue d’offrir un niveau comparable de sécurité financière à l’ensemble des vétérans handicapés et à leur famille durant toute leur vie, quelles que soient les circonstances dans lesquelles leur blessure est survenue.
Nous croyons qu’il est absolument inacceptable qu’il existe toujours au Canada des lois sur les vétérans qui accordent une indemnisation beaucoup plus élevée à un ancien combattant blessé avant 2006 (qui est couvert par la Loi sur les pensions) qu’à un vétéran blessé après 2006 (année de mise en oeuvre de la Nouvelle Charte des anciens combattants/Loi sur le bien-être des vétérans). Dans le cas du conflit en Afghanistan, en raison de cette discrimination, on se retrouve avec des anciens combattants ayant pris part à la même guerre, mais qui reçoivent des prestations de pension complètement différentes.
Nous prions ACC, en travaillant de concert avec les groupes consultatifs ministériels pertinents et d’autres intervenants représentant des anciens combattants, de créer un programme de pension et de bien-être complet qui traitera de la même façon tous les anciens combattants présentant des invalidités comparables, sans discriminer en fonction de l’année et du lieu où leur blessure est survenue. Nous recommandons depuis longtemps que le Ministère combine les aspects les plus avantageux des deux lois pour offrir le meilleur modèle d’indemnisation et de bien-être possible pour tous les anciens combattants du Canada.
Soutien pour les familles et personnes proches aidantes des vétérans
Depuis la promulgation de la Nouvelle Charte des anciens combattants/Loi sur le bien‑être des vétérans en 2006, l’Association des Amputés de guerre et le CNAAC croient fermement que le gouvernement n’a pas accordé l’attention nécessaire aux besoins criants des familles de vétérans, notamment celles dont un membre de la famille, souvent le conjoint ou la conjointe, doit tenir le rôle de personne proche aidante auprès d’un vétéran handicapé.
Actuellement, l’Allocation de reconnaissance pour aidant procure seulement aux personnes proches aidantes un soutien de 13 000 $ exempt d’impôt par année. Il est clair que ce financement est inadéquat puisque la rémunération offerte ne parvient pas à soutenir les personnes proches aidantes, qui n’ont souvent d’autre choix que de quitter leur emploi pour s’occuper du membre de leur famille gravement handicapé.
En 2021, nous avons présenté une soumission au Comité permanent des anciens combattants contenant d’importantes recommandations, qui ont été adoptées par le comité afin de garantir une rémunération adéquate pour le travail des personnes proches aidantes. Nous croyons qu’ACC se doit d’adopter nos recommandations de longue date, dont celle qui consiste à incorporer à la Nouvelle Charte des anciens combattants/Loi sur le bien‑être des vétérans les critères d’admissibilité de l’Allocation pour soins et le montant prévu dans la Prestation pour soins auxiliaires du ministère de la Défense nationale, recommandation qui est soutenue par le comité. Nous avons également recommandé la mise en oeuvre de différents niveaux de rémunération pour la nouvelle Allocation pour soins, de même qu’un ajustement du concept d’allocation pour les aidants naturels et aidantes naturelles afin de reconnaître leurs efforts et les pertes financières que ce rôle engendre.
Notre position demeure catégorique : le gouvernement devrait adopter une approche « un vétéran, une norme » en instaurant un programme complet destiné à tous les vétérans et leurs personnes proches aidantes, ce qui permettrait d’éliminer les dates limites arbitraires qui distinguent les anciens combattants selon qu’ils ont été blessés avant ou après 2006.
Notre opposition à la clause du « mariage après 60 ans »
Depuis maintenant plus de 25 ans, l’Association des Amputés de guerre et le CNAAC présentent des soumissions au gouvernement au sujet de la controversée clause du « mariage après 60 ans » qui affecte négativement les retraités des Forces armées canadiennes (FAC). À l’heure actuelle, les retraités des FAC cotisent au régime de pension de retraite des FAC pendant toute leur carrière. L’un des principaux avantages de ce régime est une prestation de survivant de 50 pour cent, qui ne s’applique toutefois pas si le retraité se marie après l’âge de 60 ans. Pour offrir une prestation de survivant au conjoint ou à la conjointe, les anciens combattants âgés de 60 ans et plus doivent réduire considérablement leur propre pension de retraite.
Les conséquences financières que subissent les anciens combattants de 60 ans et plus et leur conjointe ou conjoint sont souvent très bouleversantes. Au cours des 20 dernières années, différents gouvernements ont promis à la communauté des anciens combattants d’éliminer cette clause, et cette disposition a même été incluse dans le budget fédéral de 2019. Ces promesses n’ont malheureusement pas été tenues, et la clause demeure.
Nous croyons qu’il est plus que temps que le gouvernement applique les excellentes recommandations faites par le Comité permanent des anciens combattants, qui demandent que la clause soit éliminée et remplacée immédiatement par un Fonds pour les survivants d’anciens combattants. Nous poursuivrons ce combat de longue haleine au nom des anciens combattants; après de nombreuses années à se battre pour leurs droits, ils ne méritent rien de moins.